Antonio Díaz-Florián
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BIOGRAPHIESPECTACLES PIÈCES ARTICLES
 
 
     
 

2007 - El bufón trágico andino y su tocayo europeo - A. Díaz-Florián. (en espagnol)
2004 - El Corral de Comedias en compañía del Caballero de Olmedo - A. Díaz-Florián. (en espagnol)
2004 - La Cartoucherie: une aventure théâtrale - Joël Cramesnil. (extraits du livre, en français)
2000 - Teatro Latinoamericano: Entrevista Díaz-Florián - Osvaldo Obregón. (en espagnol)
1991 - Tamerlan: The beauty of the Resistible Tyrant. - Brian Singleton. (en anglais)

 

LA CARTOUCHERIE
Une aventure théâtrale

Joël Cramesnil.
Les Éditions de l'Amandier/Théâtre - 2004

 

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1985-94

Août 1971

La destruction des Halles de Paris et
du Theatre de l'Epee de Bois.

Malgré le combat de Jeanine Alexandre Debray au sein du Conseil de Paris, la mobilisation internationale d'urbanistes, d'architectes et d'artistes, de forts beaux moments de spectacle et malgré l'attachement des Parisiens aux Halles de Paris, celles-ci sont totalement détruites au mois d'août 1971: "Plus la gauche et l’extrême gauche défendaient les Halles, et moins il était tolérable pour le pompidolisme régnant d'imaginer un permanent "foyer de subversion" au coeur de la capitale. Il était de plus, hors de question pour les décideurs de 1'époque, de consacrer des terrains d'un tel prix (de par leur position centrale) à des activités aussi peu rentables que la culture. (...) Nombreuses seront d'ailleurs les critiques qui feront le rapprochement entre l’architecture des Halles et celle de la Cartoucherie" 201.

Peu avant la destruction, il est d'abord question de remonter le pavillon VIII à Nancy, où Jack Lang tente de créer un ensemble architectural permanent pour son festival : "Le cabinet de Jacques Duhamel donne son accord. Le ministère accepte de payer le démontage, le transport et le remontage. Le Maire, Marcel Martin, soutint quelques jours le projet avec enthousiasme puis, sous la pression de quelques opposants, dont le chef de file socialiste au sein de la municipalité, il le repousse finalement en février 1972" 202. Dans le même temps, le ministère des Affaires culturelles fait savoir à la Ville de Paris, qu'il souhaite le remontage du pavillon VIII dans la capitale et le Parc Floral, bénéficiant sur ce point de l'agrément de l'État, se porte candidat pour l'installer sur le site la Cartoucherie. Mais en décembre 1971, au sein du Conseil de Paris, Auguste Marboeuf-Regnault - initiateur et vigoureux partisan du projet de piscine olympique sur le site de la Cartoucherie - écarte catégoriquement ce projet:
"L'emplacement proposé, je veux dire l'ancienne Cartoucherie de Vincennes, a été affecté à la création d'une piscine olympique : l'article 2 de notre délibération du 31 mars 1966 concernant l'aménagement du Parc Floral de Vincennes comporte en effet, je le rappelle, la précision suivante : "étant entendu que la piscine olympique dont l'aménagement a été décidé par la délibération du 23 décembre 1965 susvisée sera réalisée sur remplacement de la Cartoucherie".
Nous ne saurions remettre en question cette décision, ni revenir sur l'affectation de cet emplacement. (...). On ne peut que regretter que l'Association pour le Rayonnement de I'Horticulture Française, concessionnaire du Parc Floral n'eut pas cru devoir nous consulter avant de présenter sa demande ; sans doute ce terrain était-il contigu à la concession, mais je le répète, nous ne saurions revenir sur notre discussion l'affectant à la création du centre nautique" 203. A l'époque de cette destruction, le triumvirat du Théâtre de la Tempête travaille encore dans les locaux de son siège social, situé rue de la Cossonnerie, en vis-à-vis direct avec les Halles: "Nous avons vu la destruction en premier plan, c'était quelque chose de très dur car on voyait les bâtiments tomber jour après jour. C'était très désagréable, et quand je voyais les pavillons se faire démolir, je voyais les fantômes d'Orlando Furioso se balader dans les halles" 204. Le pavillon VIII des Halles de Victor Baltard sera finalement remonté à Nogent-sur-Marne.

Durant ce même mois d'août 1971, le Théâtre de l'Epée de Bois - qui reste dans les mémoires pour avoir accueilli Jerzy Grotowski (Akropolis en 1968), Fernando Arrabal (Ils passèrent des menottes aux fleurs en 1969), le Bread and Puppet Théâtre (Fire en 1970) ainsi que le T.S.E. (Copi et Arias) - est également détruit, laissant l'Atelier du même nom à la rue : "Ce sont les mauvais coups d'août. Ce que le Gouvernement se dépêche de réaliser pendant que les Français ont le dos tourné et les yeux fixés sur la mer. A la grenade. Cela commençait avec le démantèlement des pavillons Baltard, retardé de semaine en semaine, jusqu’à ce que les vacances éloignent les protestataires. Au même moment, on attaquait à la pioche, le Théâtre de l'Epée de Bois, rue Mouffetard, à Paris (...). C'était un des rares lieux scéniques de la capitale où il se passait quelque chose. (...) Il y a à peine trois semaines, on se battait encore pour les pavillons de Baltard, dégagés à la grenade par les C.R.S., les brigades spéciales parisiennes. Les pouvoirs publics comptent qu'elles passeront inaperçues en septembre".

Malgré de nombreuses pétitions, la démolition du Théâtre de l'Epée de Bois est entreprise sans que le ministère des Affaires culturelles n'en donne l'autorisation et sans qu'un nouvel emplacement ne soit attribué à ce petit théâtre d'essai. Cependant, divers emplacements sont envisagés dont la Cartoucherie de Vincennes, mais cette hypothèse est catégoriquement écartée par le Conseil de Paris. Cette perspective aboutira néanmoins d'une toute autre manière : en septembre 1971, Antonio Díaz-Florián étant régisseur de l'Histoire du soldat par Jean-Marie Simon au Théâtre de la Tempête, l'Atelier de l'Epée de Bois investit alors une des maisonnettes en ruines de la Cartoucherie.

 

 
     
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