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Août
1971
La
destruction des Halles de Paris et
du Theatre de l'Epee de Bois.
Malgré le combat de Jeanine
Alexandre Debray au sein du Conseil de Paris, la mobilisation
internationale d'urbanistes, d'architectes et d'artistes,
de forts beaux moments de spectacle et malgré l'attachement
des Parisiens aux Halles de Paris, celles-ci sont totalement
détruites au mois d'août 1971: "Plus
la gauche et l’extrême gauche défendaient
les Halles, et moins il était tolérable
pour le pompidolisme régnant d'imaginer un permanent "foyer
de subversion" au coeur de la capitale. Il était
de plus, hors de question pour les décideurs
de 1'époque, de consacrer des terrains d'un
tel prix (de par leur position centrale) à des
activités aussi peu rentables que la culture.
(...) Nombreuses seront d'ailleurs les critiques qui
feront le rapprochement entre l’architecture
des Halles et celle de la Cartoucherie" 201.
Peu avant la destruction, il est d'abord
question de remonter le pavillon VIII à Nancy,
où Jack Lang tente de créer un ensemble
architectural permanent pour son festival : "Le
cabinet de Jacques Duhamel donne son accord. Le ministère
accepte de payer le démontage, le transport
et le remontage. Le Maire, Marcel Martin, soutint quelques
jours le projet avec enthousiasme puis, sous la pression
de quelques opposants, dont le chef de file socialiste
au sein de la municipalité, il le repousse finalement
en février 1972" 202. Dans le même
temps, le ministère des Affaires culturelles
fait savoir à la Ville de Paris, qu'il souhaite
le remontage du pavillon VIII dans la capitale et le
Parc Floral, bénéficiant sur ce point
de l'agrément de l'État, se porte candidat
pour l'installer sur le site la Cartoucherie. Mais
en décembre 1971, au sein du Conseil de Paris,
Auguste Marboeuf-Regnault - initiateur et vigoureux
partisan du projet de piscine olympique sur le site
de la Cartoucherie - écarte catégoriquement
ce projet:
"L'emplacement proposé, je veux dire
l'ancienne Cartoucherie de Vincennes, a été affecté à la
création d'une piscine olympique : l'article
2 de notre délibération du 31 mars
1966 concernant l'aménagement du Parc Floral
de Vincennes comporte en effet, je le rappelle, la
précision suivante : "étant entendu
que la piscine olympique dont l'aménagement
a été décidé par la
délibération du 23 décembre
1965 susvisée sera réalisée
sur remplacement de la Cartoucherie".
Nous ne saurions remettre en question cette décision,
ni revenir sur l'affectation de cet emplacement.
(...). On ne peut que regretter que l'Association
pour le Rayonnement de I'Horticulture Française,
concessionnaire du Parc Floral n'eut pas cru devoir
nous consulter avant de présenter sa demande
; sans doute ce terrain était-il contigu à la
concession, mais je le répète, nous
ne saurions revenir sur notre discussion l'affectant à la
création du centre nautique" 203.
A l'époque de cette destruction, le triumvirat
du Théâtre de la Tempête travaille
encore dans les locaux de son siège social,
situé rue de la Cossonnerie, en vis-à-vis
direct avec les Halles: "Nous avons vu la
destruction en premier plan, c'était quelque
chose de très dur car on voyait les bâtiments
tomber jour après jour. C'était très
désagréable, et quand je voyais les
pavillons se faire démolir, je voyais les
fantômes d'Orlando Furioso se balader dans
les halles" 204. Le pavillon VIII des Halles
de Victor Baltard sera finalement remonté à Nogent-sur-Marne.
Durant ce même mois d'août
1971, le Théâtre de l'Epée de Bois
- qui reste dans les mémoires pour avoir accueilli
Jerzy Grotowski (Akropolis en 1968), Fernando Arrabal
(Ils passèrent des menottes aux fleurs en 1969),
le Bread and Puppet Théâtre (Fire en 1970)
ainsi que le T.S.E. (Copi et Arias) - est également
détruit, laissant l'Atelier du même nom à la
rue : "Ce sont les mauvais coups d'août.
Ce que le Gouvernement se dépêche de réaliser
pendant que les Français ont le dos tourné et
les yeux fixés sur la mer. A la grenade. Cela
commençait avec le démantèlement
des pavillons Baltard, retardé de semaine en
semaine, jusqu’à ce que les vacances éloignent
les protestataires. Au même moment, on attaquait à la
pioche, le Théâtre de l'Epée de
Bois, rue Mouffetard, à Paris (...). C'était
un des rares lieux scéniques de la capitale
où il se passait quelque chose. (...) Il y a à peine
trois semaines, on se battait encore pour les pavillons
de Baltard, dégagés à la grenade
par les C.R.S., les brigades spéciales parisiennes.
Les pouvoirs publics comptent qu'elles passeront inaperçues
en septembre".
Malgré de
nombreuses pétitions, la démolition
du Théâtre de l'Epée de Bois
est entreprise sans que le ministère des Affaires
culturelles n'en donne l'autorisation et sans qu'un
nouvel emplacement ne soit attribué à ce
petit théâtre d'essai. Cependant, divers
emplacements sont envisagés dont la Cartoucherie
de Vincennes, mais cette hypothèse est catégoriquement écartée
par le Conseil de Paris. Cette perspective aboutira
néanmoins d'une toute autre manière
: en septembre 1971, Antonio Díaz-Florián étant
régisseur de l'Histoire du soldat par Jean-Marie
Simon au Théâtre de la Tempête, l'Atelier
de l'Epée de Bois investit alors une des
maisonnettes en ruines de la Cartoucherie.
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